Dans un article paru dans le tout nouveau Journal of Contextual Behavioral Science, Nic Hooper et ses collaborateurs ont étudié expérimentalement comment nous en arrivons parfois à délaisser ce qui est important pour nous.
Ils ont présenté aux participants de leur recherche deux photos de portes, et leur ont demandé laquelle ils préféraient. Derrière chacune des portes apparaissait un mot, soit le mot “ours”, soit un non-mot (“Rigund”). Les participants avaient pour consigne de ne surtout pas penser à un ours, et de tout faire pour se débarrasser de toute pensée en lien avec l’animal…
Mais chaque fois qu’ils choisissaient leur porte préférée, l’ordinateur faisait apparaître le mot “ours”, et ils devaient alors tout faire pour supprimer les pensées en lien avec ce mot.
En d’autres termes, après avoir recueilli les préférences des participants, on faisait en sorte que ce qui les attirait initialement ait également pour conséquence de les contraindre à faire quelque chose d’un peu pénible, à savoir ici, se concentrer pour ne pas penser à un ours. Pas très agréable de savoir que ce qu’on préfère entraîne la contrainte de devoir faire des efforts pour ne plus penser à quelque chose de précis.
Au final, après plusieurs essais, les participants changeaient tout simplement de porte et abandonnaient celle qu’ils préféraient initialement ! En clair, lorsque ce qu’on préfère entraîne une part d’inconfort qu’on essaie d’éviter, on finit par laisser tomber ce qui compte pour soi…
Ce mécanisme est observable en clinique, quand bien des patients privilégient le soulagement à court terme face aux pensées difficiles qui les assaillent, au détriment du bien être que leur amènerait des actions en direction de ce qui compte pour eux. Bien que les valeurs soient sources de renforcement à long terme, elles sont souvent délaissées afin de ne pas subir l’inconfort de devoir se battre contre ses pensées.
L’article complet est disponible ici
Hooper, N., Stewart, I., Duffy, C., Freegard, G., & McHugh, L. (2012). Modelling the direct and indirect effects of thought suppression on personal choice. Journal of Contextual Behavioral Science, 1-2, 73-82.
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