On retient généralement comme signe qu’une thérapie d’acceptation et d’engagement a été efficace le fait que le patient retrouve sa flexibilité psychologique. Cela s’observe au travers de ses comportements : lorsqu’un patient reprend le chemin de l’engagement en direction de ce qui compte pour lui, c’est généralement qu’il est parvenu à développer une relation moins conflictuelle avec ses pensées et ses émotions et qu’il peut davantage consacrer son énergie à ce qui fait sens pour lui.
L’apparition (ou la réapparition) des comportements en direction des valeurs annonce que la thérapie approche de sa fin. Aussi, il arrive que la thérapeute organise l’engagement de son patient, à sa place, en lui demandant d’agir en direction de ses valeurs, par exemple en lui demandant de se remettre à la peinture, ou de reprendre contact avec ses amis, etc.
Sauf que souvent cela ne marche pas. Soit le patient se met bel et bien en mouvement mais continue à lutter activement contre ses émotions et ses pensées, soit le patient ne se met tout bonnement pas en action.
La raison principale est que le thérapeute inverse alors les éléments de l’équation : il ne s’agit pas pour le thérapeute de stimuler le patient vers l’action en espérant que cela le remettra en contact avec ses valeurs, mais plutôt, à l’inverse, de mettre le plus possible le patient au contact de ses valeurs pour faire naître en lui l’envie d’aller à leur rencontre, de les incarner et les vivre quoi qu’il en coûte émotionnellement.
Souvent, l’empressement du thérapeute à proposer des actions porte la marque de l’évitement expérientiel : la proposition d’engagement est utilisée par le thérapeute comme un moyen de se soustraire au malaise qu’il ressent à voir son patient piétiner, ou encore être impatient ou découragé par les résultats la thérapie.
Au contraire, il est préférable que le thérapeute investisse massivement la question des valeurs afin de les rendre de nouveau très concrètes pour le patient, très appétitives, afin de déclencher l’approche du patient. En clair, il ne s’agit pas de « donner » l’engagement au patient, mais d’enrichir le plus possible le terreau des valeurs afin qu’y pousse l’engagement. Une fois l’engagement (ré)envisagé par le patient –parce que les valeurs sont (re)devenues tellement précieuses à ses yeux qu’il n’accepte plus de les délaisser-, alors le thérapeute peut prescrire plus formellement l’engagement, sous la forme d’un exercice à réaliser jusqu’à la prochaine rencontre. Il s’agira alors de donner une impulsion supplémentaire vers l’action, mais le cœur du travail est surtout de donner ou de redonner envie d’agir comme celle ou celui qu’on veut être.
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Photo : Akil Mazumder
4 comments for “Faire naître l’engagement, pas le prescrire”