Avec un Sauternes il serait incroyable!

On est attablés, on déguste un foie gras. Il est très bon ce foie gras. Vraiment très bon. Tout le monde félicite la cuisinière. Jusqu’à ce que l’un de nous dise « avec un petit Sauternes il serait incroyable ».
Ce n’est pas parfait. Jamais. Il manque toujours quelque chose. Les noix de pécan dans la crème anglaise. Le petit parasol sur le topping sur la chantilly au dessus de la glace pêche de vigne de Sicile. Le ventilateur sur la plage. Incroyable que personne n’y ait pensé! Pas un air de piano avec ce cocktail? C’est dommage… Notre intelligence cherche en permanence ce qui manque, ce qui cloche. Dès l’instant où nous maîtrisons ces unités langagières fonctionnelles de base comme « c’est moins que », « avant », « ailleurs », etc., tout ce que nous croisons entre dans ces cadres relationnels. Avec un autre pull-over j’aurais eu moins froid. Si mes parents n’avaient pas été ceci, j’aurais été plus cela.

Lorsque nous sommes en train de vivre quelque chose, nous convoquons en réalité tous les souvenirs, ou toutes les combinaisons de pensées, qui s’y rapportent ou pourraient s’y rapporter, réellement ou symboliquement. Puis on les compare à ce qui nous est offert. Bizarrement, c’est rarement pour se réjouir de la chance de vivre ce qu’on est en train de vivre, plutôt pour essayer de détecter un problème, réel ou potentiel.

Il faut un peu rappeler à l’ordre notre intelligence: le meilleur foie gras est celui qu’on est en train de déguster. Les précédents ne sont plus que des souvenirs de foie gras, les prochains que des rêves. Du vent, en somme…

[Vous souhaitez mieux connaître la théorie des cadres relationnels et l’ACT? Rejoignez-nous pour un atelier en ligne]

[Cet article intéresserait quelqu’un dans votre réseau? Partagez!]

Crédit photo: Anna Tukhfatullina

4 comments for “Avec un Sauternes il serait incroyable!

Laisser un commentaire