TCR: Trump comme Raoult?

Disons le tout de suite, je ne vais pas vraiment parler de Donald Trump, de Didier Raoult ou de l’hydroxychloroquine. Si vous êtes arrivés sur cette page parce que vous êtes un défenseur convaincu de l’un ou un farouche opposant à l’autre, et que vous espérez une bonne engueulade, passez votre chemin. Je n’ai rien de particulier à dire à propos de Trump ou de Raoult. Pas de message caché dans ce qui suit. Je me sers juste de ces deux-là comme exemple afin de présenter des propriétés du langage mise en évidence par la Théorie des Cadres Relationnels. J’aurais pu en prendre mille autres, mais franchement, ça aurait été dommage de ne pas se servir de celui là…

Lui à gauche, c’est Kevin. Kevin habite San Francisco. Il travaille dans les nouvelles technologies, il est analyste programmeur.

Kevin aime: les mangas, jouer au foot avec ses copains le samedi matin, emmener sa fille au marché , prendre un café en regardant la mer.

Kevin n’aime pas: les pois chiches trop cuits, nager trop près d’une méduse, l’idée d’un ongle qui frotte un tableau noir (vous l’avez ce sale frisson?), et Donald Trump. Il n’a pas voté pour lui. Il a même milité contre Donald Trump.

Fidèle à l’esprit de Pierre Desproges, je vous propose de transformer cette dernière information en schéma (voir schéma).

Donald Trump aime bien entendu tout à un tas de choses, mais depuis peu, il s’est pris d’un goût immodéré pour la chloroquine.

Kevin, lui, n’avait jamais entendu parler de la chloroquine avant d’apprendre, par hasard en écoutant les news, que Donald Trump en prenait.

Sans jamais avoir pris ce médicament, sans connaître vraiment à quoi il sert, sans bien entendu être allé lire les éventuels travaux scientifiques sur ce médicament, Kevin a alors instantanément développé un avis négatif sur la chloroquine. Il a suffit que Donald Trump et la chloroquine soient mis en relation d’équivalence pour que les fonctions de l’un se transfèrent à l’autre et que dorénavant Kévin n’aime pas la chloroquine.

Par ailleurs, comme chacun sait maintenant, la chloroquine, c’est le truc de Didier Raoult.

Kevin, qui n’est ni médecin ni épidémiologiste, n’a évidemment jamais entendu parler de Didier Raoult. De fait, il n’a aucun avis sur Didier Raoult. Il n’en pense rien. Enfin, jusqu’à ce qu’il apprenne que Didier Raoult défend l’usage de la chloroquine dans la lutte contre le Covid-19. Comme Donald Trump. Que Kevin n’aime pas.

Et voilà notre Kevin qui n’aime pas Didier Raoult!

Kevin ne sait rien de Didier Raoult, mais il ne l’aime pas, simplement parce que l’épidémiologiste entretient une relation d’équivalence avec la chloroquine, médicament lui même dans une relation d’équivalence avec Donald Trump, ce dernier étant dans une relation d’opposition avec notre Kevin.

Si Kevin venait à rencontrer Didier Raoult, il est possible qu’il ressente de la colère en présence du médecin. Et même, en associant apprentissage pavlovien et apprentissage relationnel, puisque Didier Raoult se présente toujours à l’écran en blouse blanche, peut-être que Kevin se sentira agacé en présence de la pédiatre de sa fille, sans même savoir pourquoi…

La pensée humaine est sans limite.

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