Je parle donc j’ai peur

414px-Yakunchikova_Fear-150x150Simon Dymond de l’université de Swansea poursuit son exploration du langage, en s’intéressant cette fois à la peur. Sa question est simple: comment des stimuli avec lesquels nous n’avons jamais eu d’expérience traumatique peuvent nous faire peur? Pourquoi avoir peur de l’avion par exemple, alors que peu d’entre nous ont été victimes d’un crash?

La réponse à ces question se trouve dans la transformation de la fonction des stimuli par le langage.

La recherche de Simon Dymond est à la fois simple et brillante. Avec ses collaborateurs, ils créent une équivalence entre 3 “mots” de 3 lettres (“JOM”, “CUG”, “VEK”), des stimuli abstraits que les participants ne connaissent pas avant d’arriver au laboratoire de recherche. Puis ils associent l’un des mots, par exemple “CUG” à une image désagréable, par exemple une photo d’accident de la route, en permettant aux participants d’éviter l’apparition de cette photo en appuyant sur un bouton.

Au final, les participants appuient sur le bouton d’évitement pour tous les mots mis précédemment en équivalence, même ceux qui n’ont pas été associés à une image désagréable.

On a donc ici un modèle expérimental de la propagation de la peur entre des stimuli qui n’ont pas grand chose à voir entre eux, et qui n’ont jamais été associés à une expérience traumatique.

L’article se trouve sur la page de Simon

Dymond, S., Schlund, M. W., Roche, B., Whelan, R., Richards, J., & Davies, C. (2011). Inferred threat and safety: Symbolic generalization of human avoidance learning. Behaviour Research and Therapy, 49, 614-621. doi:10.1016/j.brat.2011.06.007

 Image: Maria Yakunchikova “Fear”