Quel est le rôle d’un.e psychothérapeute ? Il est parfois utile de revenir à des questions fondamentales, dont les réponses semblent évidentes, pour se recentrer sur l’essence des choses.
Alors, bien sûr, intuitivement on se dit qu’un ou une psychothérapeute est quelqu’un qui aide l’autre à « aller mieux ». C’est d’ailleurs ce que les patient.es nous demandent d’emblée le plus souvent. Mais que veut dire « aller mieux ». Comment l’opérationnaliser ?
Deux réponses sont ici possibles.
Aller mieux peut signifier aller moins mal, c’est-à-dire, moins souffrir, et idéalement ne plus souffrir du tout, si tant est que ce soit possible.
Aller mieux peut aussi être pris au pied de la lettre, en mettant l’accent sur le verbe « aller ». Ici il s’agirait d’avancer dans la vie, avec en chemin la même adversité, mais y aller différemment. En d’autres termes, il s’agit de vivre différemment le rapport à sa souffrance.
En fonction de la définition qu’on choisit, le rôle de la ou du psychothérapeute peut être radicalement différent. Schématiquement, on pourrait dire que dans un cas le psychothérapeute est un pompier qui vise à arrêter l’incendie et à panser les plaies, dans l’autre, il ou elle est un architecte, un bâtisseur, qui aide l’autre à construire de nouvelles façons de se comporter en présence de stimuli internes –émotions, pensées, souvenirs, sensations, envies, etc.
Est-ce qu’on aide l’autre en essayant de soigner ses blessures et d’atténuer sa douleur, ou en essayant de le conduire vers le développement d’un rapport différent à son monde intérieur ? Pompier ou architecte d’intérieur ?
Du côté de l’approche comportementale, dans laquelle s’inscrit l’ACT, notre objectif est de développer la variété des comportements, d’enrichir le répertoire comportemental, et d’augmenter la sensibilité aux conséquences directes des comportements. La proposition est clairement d’aider à ajouter des façons de se comporter, particulièrement en présence des émotions et des pensées qui déclenchent habituellement des comportements stéréotypés dont les conséquences nous sont délétères, ou qui nous aliènent. En bref, et sans que cela empêche d’être empathique, on privilégie l’ajout plutôt que le retrait, le développement au soulagement.
L’autre question qui vient ensuite est de savoir si les deux positionnements sont compatibles. Peut-on simultanément être pompier et architecte d’intérieur ? Ou successivement ? Pourquoi pas. Sauf si les difficultés du patient sont liées au fait qu’il essaie à toute force d’éteindre l’incendie. L’y aider risque alors d’être un obstacle à l’audace qu’il faut trouver pour changer le rapport à son monde intérieur.
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2 comments for “Pompier ou architecte d’intérieur ?”