Seul(e) avec ses pensées : insupportable !

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Quinze minutes. Quinze petites minutes. C’est le temps pendant lequel les participants de la recherche de Timothy Wilson de l’université de Virginie devaient rester seuls avec leur pensées. Aucune tâche particulière ne leur était demandée. Simplement de s’asseoir et de passer un moment agréable, avec comme seule distraction leurs pensées. Simple, non ? Pourtant, pour une majorité d’entre-nous, l’expérience est particulièrement désagréable. Tellement que nombreux sont ceux qui préfèrent lui substituer une douleur physique ! Voilà donc une expérience des plus simples, que chacun peut réaliser chez soi : rester seul avec ses pensées pendant quinze minutes. Sans écran, sans sonnerie, sans rien à lire, seul avec soi, simplement essayer de passer un moment agréable.

De façon prévisible, la majorité des participants de cette recherche (57.5%) trouve difficile de rester concentré sur des pensées distrayantes et voient leur attention partir dans des directions imprévues, potentiellement douloureuses. Si douloureuses que -et c’est l’enseignement principal de cette recherche- près de la moitié (49.3%) des participants trouvent l’expérience particulièrement déplaisante !

Quand on les autorise à lire un livre pendant ces quinze minutes, l’expérience leur parait moins désagréable. Se pourrait-il que rester seul avec ses pensées soit une expérience si pénible qu’on lui préférerait n’importe quelle autre activité ? Wilson et ses collaborateurs ont poussé la logique en donnant la possibilité aux participants de s’administrer eux-mêmes un petit choc électrique. Les voilà de nouveau seuls avec leurs pensées, avec la possibilité de s’infliger une douleur. Ce sont alors 67% des hommes et 25% des femmes qui s’administrent au moins un choc électrique !

Il semble qu’il nous est particulièrement difficile de rester sans rien faire, au point que certains d’entre-nous préfèrent vivre une expérience aversive plutôt qu’être confrontés au contenu de leurs pensées. Ou encore, peut-être que notre capacité à relier sans fin des pensées entre-elles conduit inexorablement à la souffrance, et que nous avons besoin de lutter contre cet attracteur en lui substituant n’importe quelle activité capable d’interrompre le brouhaha interne.

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Wilson, T. D., Reinhard, D. A., Westgate, E. C., Gilbert, D. T., Ellerbeck, N., Hahn, C., … & Shaked, A. (2014). Just think: The challenges of the disengaged mind. Science345(6192), 75-77.

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