L’analyse fonctionnelle est un élément central en TCC. Il s’agit en fait de notre outil diagnostic, de notre façon de comprendre le problème. C’est aussi la base de la thérapie. En effet, pour parvenir à modifier les comportements, il s’agit d’abord de repérer les éventuels apprentissages répondants et opérants et -depuis sa découverte et son étude par la Théorie des Cadres Relationnels- les apprentissages relationnels.
Au début de la thérapie, on effectue l’analyse fonctionnelle des comportements qui posent souci aux patients dans leur vie quotidienne. Outre qu’on réalise l’analyse fonctionnelle de comportements que nous n’observons pas directement mais qui nous sont rapportés, on évalue en général une concaténation de comportements et de situations, ce qui rend la tâche plus difficile encore. Les patients rapportent en effet généralement un grand nombre de comportements et de situations problèmes et il s’agit de les sérier et de décider avec eux lesquels sont à prendre en charge en priorité. Stricto sensu, on devrait d’ailleurs parler des analyses fonctionnelles puisqu’on devrait réaliser une analyse fonctionnelle par comportement. De plus, ces analyses doivent être renouvelées au cours de la thérapie pour prendre en compte l’influence de nouvelles variables introduites par les changements comportementaux, ainsi que les nouveaux comportements qui pourraient apparaître. En bref, si l’analyse fonctionnelle est une des pierres angulaires de la thérapie, c’est aussi parce que c’est une démarche d’analyse quasi constante, une façon de comprendre les difficultés du patient et la portée de la démarche thérapeutique introduite.
Si cette analyse fonctionnelle est importante et complexe, elle n’en est pour autant pas suffisante. Elle doit en effet être complétée de celle des comportements qui apparaissent dans le cadre de la thérapie. Interagir, en l’occurrence ici avec la thérapeute, est une situation qui peut déclencher des émotions et des façons habituelles de se comporter, des choix de ce qu’on dit ou ce qu’on ne dit pas, etc., autant de comportements qui entrent dans le périmètre de l’analyse fonctionnelle, surtout lorsque les difficultés exprimées concernent le rapport à l’autre. De même, les réactions émotionnelles et comportementales à l’évocation d’un souvenir douloureux ou d’un exercice anxiogène par exemple sont autant de précieuses informations qui nourrissent l’analyse fonctionnelle.
Enfin, il faut se souvenir que les comportements des thérapeutes sont gouvernés pas les mêmes processus et méritent aussi d’être analysés car ils ont des répercussions sur l’efficacité de la thérapie. Aussi, il est important de mener une (des) analyse(s) fonctionnelle(s) de nos comportements de thérapeutes en situation d’entretien, afin de comprendre ce qui les gouverne, et être particulièrement vigilants lorsque cette analyse révèle qu’ils n’ont pas été choisis consciemment mais poussés de façon automatique par des émotions.
Au final, ce sont donc trois catégories d’analyses fonctionnelles que le thérapeute doit mener : celle des comportements problèmes du patient dans sa vie quotidienne, celle des comportements qui s’expriment au cours de la thérapie, et l’analyse fonctionnelle de ses propres comportements en interaction avec le patient. Bien entendu, il ne s’agit pas de faire l’analyse de tous les comportements qui apparaissent, mais uniquement des plus déterminants, en gardant en tête qu’ils peuvent apparaître dans chacune de ces trois catégories, voire dans les trois.
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