On n’écrit jamais vraiment un livre

pas plus qu’on écrit un mémoire, ou une thèse. En vérité, on n’écrit que des mots, on n’écrit que des phrases, éventuellement des paragraphes. D’ailleurs, quelqu’un qui nous regarderait écrire ne pourrait pas nous voir écrire un livre, ou une thèse, ou un mémoire. Il nous verrait écrire des mots uniquement, et on ne pourrait pas lui montrer de livre. Pendant qu’on l’écrit, le livre n’existe pas.

Un jour, on décide que le livre est terminé. Il existe bel et bien. Mais quand on juge qu’il est terminé, on n’est plus en train de l’écrire.

Alors, quand peut-on vraiment dire qu’on écrit ce livre ? Jamais en fait… Nous nommons les choses et les événements pour mieux les appréhender, mais ils ne sont en fait pas séparés les uns des autres.

Aussi, peut-on affirmer avoir écrit un livre sans avoir encore écrit toutes les pages qui le composent ? Non bien sûr. Est-il possible d’écrire un livre sans avoir appris auparavant à écrire ? Pas plus. Peut-on apprendre à écrire avant d’être capable de s’asseoir posément, de focaliser son attention ? Toujours pas. Chacune des actions de notre vie avant l’écriture de ce livre concoure à ce qu’il prenne corps, même celles qui en semblent très éloignées. Chaque moment de notre existence contribue à nos réalisations à venir, sans même que nous nous en rendions compte.

Alors, quand peut-on dire qu’on n’est pas en train d’écrire ce livre ? Jamais vraiment non plus…

Considérez attentivement ce que vous êtes en train de faire. A quel mouvement général appartiennent les activités qui vous occupent ici et maintenant ? Essayez de les rattacher à quelque chose de plus large, de plus grand, de les inscrire dans l’histoire de votre vie. Transformez la fonction de ces comportements en les inscrivant dans la longue chaine d’événements qui vous constituent, qui ont fait de vous la personne que vous êtes.

Vous serez alors toute proche d’être contextualiste.

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