Dans la terminologie de la théorie des cadres relationnels, un augmental est un acte de langage qui majore la fonction d’un stimulus –qui rend par exemple un stimulus davantage renforçant.
Au cours d’une thérapie d’acceptation et d’engagement, on utilise assez fréquemment l’augmental afin que le patient soit davantage en contact avec les conséquences symboliques renforçantes de ses actions, particulièrement les actions qu’il a du mal à accomplir, les actions qu’il évite car elles sont sources de souffrances concrètes et immédiates, comme la peur.
Je relisais récemment Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie de Viktor Frankl. On y trouve un bel exemple d’augmental thérapeutique:
« Un médecin d’un certain âge est venu me consulter parce qu’il souffrait d’une grave dépression depuis deux ans. Il ne pouvait se remettre de la mort de sa femme, qu’il avait aimée plus que tout au monde. Que pouvais-je pour lui? Que lui dire? J’ai décidé de lui poser la question suivante:
«Et si vous étiez mort le premier et que votre femme ait eu à surmonter le chagrin provoqué par votre décès?
— Oh! pour elle, cela aurait été affreux; comme elle aurait souffert!
— Eh bien, docteur, cette souffrance lui a été épargnée, et ce, grâce à vous. Certes, vous en payez le prix puisque c’est vous qui la pleurez.»«
Au travers de cet augmental, Viktor Frankl crée arbitrairement une relation d’équivalence entre ce qu’on devine être une des valeurs du patient (vraisemblablement quelque chose autour de « protéger » l’autre) et sa souffrance.
De fait, la tristesse n’est pas supprimée, mais elle évoque maintenant, en plus, la souffrance épargnée à son épouse, et certainement une forme de cohérence avec la personne que ce patient apprécie être.
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Photo : cottonbro
2 comments for “Un augmental par Viktor Frankl”