Comme la plupart d’entre nous, vous terminez souvent votre journée de travail avec une liste de choses à faire plus longue que quand vous l’avez commencée. C’est très décourageant. On a l’impression d’être en permanence dans un bateau qui prend l’eau et se rempli plus vite qu’on ne parvient à écoper. Le sentiment qu’on va couler n’est parfois pas très loin.
Heureusement, certains se sont penchés sur ce problème et ont inventé des principes d’organisation visant à prioriser les tâches à accomplir. L’une de ces méthodes s’appelle la matrice d’Eisenhower, inspirée d’une phrase attribuée à l’ancien Président des USA : « Ce qui est important est rarement urgent et ce qui est urgent rarement important ».
Les tâches importantes (colonne de droite) sont réparties dans cette matrice entre celles qui sont urgentes et celles qui ne le sont pas. Quelles sont les tâches qui seraient urgentes et importantes ? A priori, celles qui risquent de vous amener des conséquences fâcheuses si vous ne les faites pas immédiatement. La signification de « deadline » ne laisse pas trop de doute quant à ce qui vous attend si vous n’agissez pas…
A l’inverse, quelles sont les tâches qui sont importantes mais non urgentes ? Elles se répartissent en deux catégories, en fonction du fait qu’elles vont devenir urgentes ou non si on ne fait rien.
Il peut d’abord s’agir des tâches qui ne sont pas encore d’actualité, ou pour lesquelles la date limite de réalisation est lointaine. Ces tâches ne sont pas *encore* urgentes mais elles vont le devenir si on laisse le temps filer. Elles seront sources de conséquences fâcheuses à plus ou moins longue échéance si on ne fait rien. En bref, ce sont des tâches de même nature que les précédentes, à ceci près qu’on dispose de plus de temps pour les réaliser.
Il peut s’agir aussi de tâches importantes qui ne sont pas urgentes et qui ne le deviendront jamais, parce que leur réalisation n’est pas indispensable et n’aurait pour conséquence « que » du mieux, du plus, sans qu’elles soient a priori sources de conséquences fâcheuses si elles ne sont pas réalisées. Vous savez, c’est ce projet qui vous tient à cœur et pour lequel vous vous dites avec envie « un jour je m’y mettrai ». C’est un projet réellement important, mais rien ne vous contraint à vous y mettre. Et au final, il est très rare qu’on s’y mette, parce que ce n’est jamais le bon moment. Ou dit autrement, parce qu’il y a toujours des choses urgentes à faire en priorité.
En termes de fonctions comportementales, les tâches importantes et urgentes impliquent le renforcement négatif : une fois réalisées, une menace s’éloigne. La satisfaction associée à la réalisation de ces tâches tient surtout du soulagement… Même chose pour les tâches importantes non urgentes qui deviendront urgentes si on les laisse un peu trop de côté. Leur réalisation est portée par le renforcement négatif : on s’en débarrasse pour éviter les conséquences désagréables qui pourraient apparaître si on ne les fait pas dans les temps. En revanche, les tâches importantes non urgentes qui n’ont jamais vocation à devenir urgentes sont plus volontiers portées par le renforcement positif.
La matrice d’Eisenhower conseille de traiter en priorité les tâches importantes et urgentes, c’est-à-dire celles gouvernées par l’évitement. Quand on met en concurrence renforcement positif et renforcement négatif, il semble que la priorité revienne au renforcement négatif, c’est-à-dire à éviter ou à échapper aux conséquences désagréables, aversives. En termes adaptatifs, à court terme, c’est certainement un bon choix : il est préférable de se mettre avant tout en sécurité. Cependant, si on repousse toujours à demain les tâches qui sont renforcées positivement, au prétexte qu’il y a plus urgent à faire, on perd autant d’occasions de construire son épanouissement (ou dans une version pessimiste, on construit une vie faite de successions de soulagements…).
Mon conseil : le plus souvent possible, donnez la priorité à ces tâches qui ne deviendront urgentes que quand vous réaliserez à quel point elles vous ont manqué c’est-à-dire, peut-être, quand il sera trop tard. Une vie épanouie ne peut pas être constituée que de soulagements.
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