ACT soigne le manque

Les thérapeutes TCC  qui découvrent l’ACT  se posent souvent la question de savoir si ce modèle thérapeutique incarne une rupture épistémologique avec les thérapies cognitives et comportementales “classiques” (i.e., de première et de deuxième vague). Il est vrai que certaines démarches de l’ACT semblent contraires à celles utilisées jusque-là en TCC. 

Il n’est qu’à penser aux mouvements d’acceptation, ou de défusion, qui peuvent sembler s’opposer à l’exposition et à la restructuration cognitive. En réalité, les mouvements thérapeutiques de l’ACT sont, pour la plupart, des prolongements de ceux de la TCC classique, comme je l’explique dans cet article sur l’exposition graduée et dans celui-ci sur la restructuration cognitive. Si rupture épistémologique il y a, elle provient donc d’une systématisation de ce qui fonctionnait déjà avant.  C’est cela qui qualifie l’approche processuelle: extraire ce qui fonctionne parmi les démarches thérapeutiques ayant montré leur efficacité, pour le cibler directement.

En revanche, là où on pourrait voir une réelle rupture entre l’ACT et la TCC classique, c’est dans les cibles thérapeutiques qu’elles se choisissent, et par là même, dans ce qu’elles considèrent symptomatique.

Pour ce qui concerne l’ACT,  le symptôme est le manque d’actions engagées en direction de ce qui compte pour soi. Selon l’ACT, on souffre de ne pas se comporter comme la personne que nous souhaitons être, ou pas assez souvent. Généralement, l’abandon de ces actions qui font sens pour soi découle du fait d’être accaparé par l’objectif de contrôler son état émotionnel, ce qu’on appelle la perte de flexibilité psychologique. La souffrance découle de cet éloignement de soi, de ce divorce avec ses valeurs.

C’est dans cette direction que travaille l’ACT. Elle vise à aider la remise en route d’actions qui font sens, par l’abandon de l’espoir de parvenir à contrôler durablement  son état émotionnel. C’est donc avant tout une thérapie de ce qui manque, et non une thérapie qui cible les émotions les plus bruyantes (l’anxiété, la tristesse, la colère, la honte, la jalousie, etc.) nous paraissant constituer le problème.

Aussi, dans l’analyse de la souffrance, les thérapeutes pratiquant l’ACT sont très attentifs à ce qui manque au patient pour être en harmonie avec ce qui compte pour lui. Leur exploration consiste tout autant à entendre ce qui fait mal qu’à rechercher activement quelles sont les sources d’accomplissement dont on s’est éloigné, ce qui au final nous a conduit à ne plus être la personne qu’on veut être.

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