L’exposition avec prévention de la réponse (EPR) est une démarche thérapeutique qui a largement fait ses preuves pour aider les patients souffrant de trouble obsessionnel compulsif. Pourtant, même parmi les thérapeutes formés à ce traitement et qui en reconnaissent l’efficacité, l’EPR n’est pas toujours utilisée.
Dans sa thèse de doctorat, Stéphanie Rabin de l’université Drexel à Philadelphie a évalué l’influence de l’évitement expérientiel du thérapeute dans la conduite d’une thérapie par EPR. Son hypothèse est que l’anxiété qui apparaît chez un patient lorsqu’il s’expose aux stimuli qu’il redoute peut rendre anxieux le thérapeute, et le conduire à ne pas proposer ce traitement afin d’éviter lui-même de ressentir de l’anxiété.
Cent soixante-douze thérapeutes formés aux thérapies comportementales et cognitives ont visionné des vidéos présentant deux patients, l’un souffrant d’obsessions de contamination et de compulsions de lavage, l’autre de compulsions de vérification et d’obsessions liées à la crainte de blesser quelqu’un. On demandait ensuite aux thérapeutes d’indiquer quel traitement ils proposeraient pour ces patients.
Les résultats montraient un lien entre la tendance à l’évitement expérientiel chez le thérapeute et le fait de ne pas proposer le traitement par EPR. Les thérapeutes présentant une tendance plus marquée à l’évitement expérientiel avaient tendance à consacrer significativement moins de temps à traiter les patients par EPR.
Les caractéristiques psychologiques des thérapeutes constituent un ensemble de facteurs importants dans la mise en place et l’efficacité d’un traitement. Chacun en a l’intuition, mais des études comme celles de Stéphanie Rabin permettent de mieux identifier ces facteurs, afin de mieux les contrôler. Car si l’évitement expérientiel peut évoluer vers l’acceptation chez les patients, il n’existe aucune raison pour que cela ne soit pas possible chez les thérapeutes. Puisque la formation n’inclut pas pour le moment une réflexion et un travail sur ces facteurs psychologiques, reste à chaque thérapeute d’entreprendre ce travail.
Cette thèse est disponible en ligne
(photo: Fritz Stotz, Mädchen beim Silberputzen)