Je dois vs Je peux

C’est un piège bien connu à l’examen du code de la route. On vous présente par exemple la photo d’une double voie sur laquelle il est autorisé de rouler à 90 km/h, et le QCM est formulé ainsi:

Le piège repose sur la distinction entre « je peux » et « je dois ». En effet, sur cette route vous pouvez rouler à 90 km/h si vous voulez, mais aussi à 80 km/h. Vous n’avez pas d’obligation à rouler à 90 km/h. Vous avez le choix. C’est d’ailleurs pour cette raison que c’est une question piège… Imaginez une route sur laquelle vous seriez contraint de rouler exactement à 90km/h. Pas plus vite, mais pas moins vite non plus. Un cauchemar !

La question de l’acceptation se pose dans les mêmes termes. Lorsqu’on commence à percevoir qu’éviter ses expériences émotionnelles est une fuite en avant problématique et que l’acceptation peut constituer un positionnement utile, on a souvent tendance à transformer un « je peux rester en présence de mes émotions quand c’est nécessaire » en « je dois rester en présence de mes émotions quelles que soient les circonstances ». Une contrainte de plus, un rabougrissement du répertoire comportemental.

Au moyen de l’acceptation, on cherche à obtenir une augmentation de la variété des réactions possibles en présence des émotions. Avec l’acceptation, je peux faire de la place à mes émotions. Cela ne signifie pas que je dois faire de la place à mes émotions. Je peux aussi momentanément les mettre à distance. Je ne suis ni obligé d’éviter, ni obligé d’accepter mes émotions. J’ai le choix et je peux décider en fonction de ce qui sera le plus utile pour agir en direction de ce qui compte pour moi.

De cette variabilité comportementale en présence des émotions découle une chance plus grande de vivre le meilleur dans l’environnement qui m’est donné – environnement physique et environnement symbolique, à court ou à long terme. La clé de l’épanouissement est de disposer de plusieurs possibilités afin de choisir parmi elles la plus adaptée au contexte et à ses aspirations.

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